Une drôle de découverte

Vendredi après-midi. La fin de la semaine avait été des plus ennuyeuses. Dans un soucis de tranquilité, j'avais soigneusement évité Evangelina, allant même jusqu'à feindre la maladie pour ne pas la croisée durant les cours que nous avions en commun, presque tous en réalité mais cela n'avait pas d'importance en ce moment. En plus, cela m'avait permis d'avoir la paix sans Grégory. Avec un peu de chance, puis-ce qu'il ne me voyait pas dans les parages, il oublierait simplement ma présence et à mon retour je pourrais me fondre dans l'environnement. Reprendre ma place au fond de la classe et me comporter en solitaire.

Mais pour le moment, je ne savais plus trop quoi faire. J'avais déjà lu tous les cours que j'avais raté et en plus j'avais réalisé les devoirs et étudié pour les prochaines interrogations. Je n'aurais donc rien à faire au niveau scolaire ce week-end. Et comme je n'avais pas fait de demande pour rentrer chez moi, je ne pourrais même pas retourner à Oxford. Quoi que, je n'en avais pas non plus envie.

Et pourquoi ne pas faire un tour à la bibliothèque? Je pourrais louer quelques livres ce qui contribuerait à m'occuper. En plus, cela me permettrait de prendre l'air, chose que je n'avais pas encore faite aujourd'hui. J'enfilais donc mes baskets et sortis en fermant soigneusement la porte derrière moi. Filant dans les couloirs, je croisais quelques élèves qui étaient dans ma classe, que j'ignorais bien sûr royalement, et partis pour la bibliothèque.

Une fois dans le bâtiment, je saluais la bibliothécaire et me dirigeais immédiatement vers le rayon des livres contant des récits historiques. A mon avis, il n'y avait rien de mieux que ce genre de bouquin pour vous occupez pendant un petit temps.

Il m'évitait, j'en étais certaine. Cependant, même si cela me faisait de la peine, on ne pouvait pas dire ça ne m'arrangeait pas. En effet, je préférais qu'il le fasse. Au moins, je n'avais pas à affronter son regard... J'avais été humiliée devant lui, je m'étais moi-même humiliée devant lui. Pas seulement avec cette histoire de baiser, mais aussi avec ce qu'il s'était passé avant. Je détestais ces crises qui me rendaient la vie dure ! Les gens ne m'approchaient pas en partie à cause de ça, parce que cela peut subvenir à n'importe quel moment, n'importe où, et pour n'importe quoi. Les gens avaient peur de moi, mais j'avais bien plus peur d'eux que l'inverse !

Nous étions vendredi après-midi. Une semaine de cours de terminée. Les devoirs commençaient. J'en avais un particulièrement long en histoire : je devais rédiger trente pages sur les régimes totalitaires présents en Europe et en Asie au vingtième siècle. En trente pages, ce ne serait qu'un faible résumé, mais je devais couvrir aussi bien le nazisme en Allemagne, le fascisme en Italie, le frankisme en Espagne et le communisme de Mao Zedong en Chine. C'était un travail de synthèse que je trouvais assez intéressant, même si à vrai dire, en ce moment, je n'avais pas la tête à ça. Cependant, je n'avais que ça à faire...

Il me fallait de la documentation, car bien que j'aie quelques notions, je n'en connaissais pas tous les tenants et les aboutissants en profondeur et dans les détails. La bibliothèque, mon havre de paix, me semblait l'endroit le plus fourni pour m'aider dans mon travail. Aussi, après avoir déposé la majorité de mes cahiers dans ma chambre, j'y allai. Je déposai mon sac sur un banc, près de la fenêtre la mieux positionnée afin de gagner de la lumière. Cela allait durer longtemps...

Je consultai sur l'ordinateur la liste des ouvrages qui pourraient m'être utiles avant de me rendre dans la section historique, subdivision "Histoires européennes contées par les européens", pour commencer. Mao attendrait un peu, le temps que je tombe sur ce que je cherchais par rapport aux trois premiers régimes.

Cependant, quelle ne fut pas ma surprise de tomber nez à nez avec Alexander. Un instant, je voulus faire demi tour et revenir plus tard, mais je me dis que cela paraîtrait suspect. Quoique... Je lui adressai un regard discret pour voir s'il m'avait vue -ce qui était certainement le cas, je ne devais pas me faire d'illusions- et tournai les talons sans prendre aucun livre. Tant pis, j'attendrai...

Après une intense réflexion, je me rendis compte que je n'avais vraiment pas choisis la bonne période. Trop tard à mon goût et vraiment pas intéressant pour une longue soirée à bouquiner en compagnie de ma chère musique. Dieu que je l'aimais...

Voyant une ombre se profilée non loin, je tournais les yeux pour voir de qui il s'agissait. Evangelina, ce n'était vraiment pas mon jour aujourd'hui. Alors qu'elle faisait demi-tour, je la suivis et la dépassais rapidement. Puis-ce que je n'avais pas besoin d'un livre ici, autant la laisser chercher et qu'elle ne perde pas son temps à attendre que je quitte la bibliothèque.

N'oubliant pas ma politesse, je lâchais un "salut" sur un ton des plus léger avant de tourner à droite pour me rendre dans le rayon des mythes. Finalement c'était ça qui était le plus amusant à mon humble avis. Observant avec attention les premiers livres, je laissais glisser mes doigts sur leurs tranches, avancant lentement pour ne rien raté. Mais alors que j'allais me diriger vers les bonnes vieilles métamorphoses d'Ovide, mon regard buta sur un ouvrage extrêmement fin et à la couverture ancienne. Je le pris délicatement pour voir de quoi il s'agissait. Il ne portait rien, pas une seule indication.

Je finis par l'ouvrir pour chercher d'autres informations. L'auteur était un certain A. d.L. et quant au titre, on ne pouvait lire que "Mémoires". J'étais de plus en plus intrigué et décidais de l'emprunter. Maintenant que j'avais ce que je désirais, j'entrepris de me rendre à l'accueil mais en passant devant l'allée où se trouvait celle qui avait faillit devenir mon amie, je m'arrêtais et m'approchais d'elle avec beaucoup d'hésitation.

Evangelina... brève hésitation. Est-ce que tu connais ce livre ou n'importe quoi au sujet de l'auteur?

Lorsqu'elle s'intéressa à moi, du moins je l'espérais, je lui présentais avec un sourire. C'était une manière comme une autre de reprendre le contact. Je n'allais pas pouvoir l'éviter tout le reste de ma scolarité.

Alors que je me dirigeais vers mon sac, il passa à côté de moi et me salua brièvement. Je lui répondis d'une voix presque inaudible un "bonjour" en retour. Mais le fait s'imposa à moi : s'il avait quitté le rayon historique, je pourrai aisément le consulter à mon aise, sans avoir peur d'une quelconque remarque de sa part...

Je fis à nouveau volte-face et revins sur mes pas. Je parcourus les étagères durant de longues minutes, feuilletant plusieurs ouvrages, en remettant certains et en en gardant d'autres. J'avais presque tous sur les régimes européens lorsque je me rendis compte que j'entendis prononcé mon nom. Je sursautai et laissai tomber les livres, comme la pire des maladroites. J'eus un furtif regard envers Alexander avant de me baisser pour les ramasser en m'excusant -envers lui, envers les livres et envers tout le reste !

Lorsque je me relevai, parfaitement gênée par la situation, je ne pus pas le regarder dans les yeux. Je posai les miens sur l'ouvrage qu'il tenait entre ses doigts, soudain intriguée par une étrange curiosité. Cependant, je n'avais jamais vu ni lu ce livre, et il ne me disait rien du tout.

Non, je ne l'avais encore jamais vu.

J'hésitai un instant, mais ma curiosité prit le dessus.

Où l'as-tu trouvé ? lui demandai-je en relevant les yeux.

Mon arrivée provoqua chez elle une certaine surprise. Oups j'avais négligé cette part là des choses. Alors que je voulus l'aider à ramasser tout ce qu'elle avait fait tomber, elle fut bien plus rapide que moi, récupérant tout les livres qu'elle comptait utiliser ou emporter ça je n'en avais pas la moindre idée.

Je fus heureux qu'elle accepte d'observer ma découverte. Bon cela ne servit pas à grand chose mais au moins elle m'avait parler et posait des questions en plus. Avec un peu de chance, nous allions pouvoir entretenir une conversation de plus de deux minutes.

Avec la mythologie. Il me semble qu'il n'est pas à sa place, même si je n'arrive pas à savoir à quelle époque il a été écrit. On dirait qu'il ne ressemble à aucun autre ouvrage, qu'il provient d'un autre âge. De plus, il est écrit à la main.

Je survolais les quelques premières pages pour trouver un autre élément mais rien ne me sauta aux yeux. Je le refermais net et le tendis à Evangelina pour qu'elle puisse y regarder elle aussi.

Cela m'intrigue vraiment... Beaucoup trop en réalité, j'aimerais en savoir plus mais où trouver des informations je n'en ai aucune idée.

La mythologie ? En effet, ça ne doit pas être sa place... C'est étrange ! J'ai déjà parcouru ces rayons-là (je les avais presque tous parcourus au moins une fois) mais je ne l'ai jamais vu..

Il le feuilleta et je fixai les pages qui tournaient les unes après les autres. J'aperçus quelques lignes écrites à la main, comme il l'avait précisé. C'était une belle écriture, très ancienne, si je ne m'abusais !
Il me le tendit ensuite et j'eus un instant d'hésitation. Je trouvai un emplacement libre et y déposai les cinq livres que je tenais dans mes bras avant de me saisir du sien. J'appréciais la couverture d'un geste de la main avant de l'ouvrir à mon tour. Je fis voler doucement les pages, afin de ne pas les abîmer. Un titre rocambolesque attira mon attention : Nuages, la citée qui flotte majestueusement dans le ciel d'azur. Je m'y arrêtai et commençai à lire le paragraphe écrit finement et lisiblement.

A mon avis, il devait se trouver dans la section Littérature fantastique ou de science-fiction, bien que je ne l'y aie jamais vu. Pourtant, après les sections utiles pour les travaux, c'est celle que je consulte le plus... C'est peut-être une nouvelle aquisition !

Je voulus tourner la page mais n'y compris plus rien. Je soupirai : cela ne m'aurait pas déplu de le lire, moi qui adorais ce genre de littérature qui faisait rêver !

C'est dommage qu'il y ait des passages incompréhensibles. L'histoire aurait pu être bien !

Elle confirma mes doutes sur le fait qu'il n'était pas à sa place alors que je cherchais encore des informations, lui cédant ensuite tranquillement, appréciant cette complicité -même si le mot n'était pas totalement exact- qui semblait se ré-installée entre nous. Sa recherche fut bien plus fructueuse puis-ce qu'elle parvint à déchiffrée une phrase dans ce qui m'avait sembler être du charabia. Avec un certain étonnement, je pu lire à mon tour, avec plus de difficulté puis-ce que je me trouvais dans le mauvais sens, ce qui y était écrit. Etrange, tout à l'heure je ne l'avais même pas remarqué ce détail.

Tu as sans doute raison. Si une cité s'appelant Nuages avait un jour flottée dans le ciel nous le saurions sûrement...

Face à pareil cas, j'hésitais à emprunter ce livre. A quoi me servirait-il si je n'avais pas la possibilité de lire? D'un autre côté, j'étais très tenté par le fait de percé son mystère. Finalement pourquoi pas, il me suffisait d'en prendre un autre en plus, mais un lisible cette fois bien sûr.

Elle semblait bien plus intéressée que moi par ce livre. Aussi décidais-je de lui laisser, je pourrais le louer une autre fois après tout. Avec un léger sourire, je lui proposais donc.

Prends-le. Je vais choisir un autre livre à la place...

Je m'intéressais aussitôt à la pile de livres qu'elle avait dans les mains peu de temps auparavant. Ah le travail d'histoire. Par chance, et avec l'aide d'internet, je l'avais déjà réalisé dès que j'avais été mis au courant. C'était une chose en moins à faire ce week-end.

Bonne chance, ce travail est assez pénible à réalisé je trouve. Si ça t'intéresse, j'ai garder le premier jet du devoir. Cela te permettrait de sauter toute la partie documentation...

Je relevai les yeux vers lui et laissai échapper un fou rire et acquiesçai.

Oui, en effet ! C'est bien dommage d'ailleurs...

Je me laissai aller à soupirer légèrement en contemplant à nouveau le livre. Je ne me rendais même pas compte du fait que je lui racontais des choses que je n'aurais dites à personne d'autre !! Cela semblait presque... "naturel", à cet instant. Oh bien sûr, je ne disais rien de très direct, mais je laissais malgré moi sous-entendre que cela m'aurait plu s'il existait réellement une ville telle que celle de Nuages.

Alors que je m'escrimais toujours à déchiffrer la suite -cela ne ressemblait à aucune langue que je connaissais-, il me proposa de le prendre, et que lui en choisirait un autre. Je le refermai alors et le lui tendis.

Non non, c'est toi qui l'as trouvé ! C'est donc à toi de le prendre, si tu en as envie...

Il me proposa soudain ce que personne ne m'avait jamais proposé : m'aider dans mon travail. Je le fixai un long moment, surprise de l'avoir entendu dire ça. Je crus même un instant avoir rêvé. C'était tellement irréel comme situation !

Je... c'est que... tu...

Je m'arrêtai là et respirai un grand coup, au risque de paraître ridicule. Ce n'était pas le moment de dériver, surtout pour quelque chose de ce genre, même si c'était très positif pour une fois !

C'est gentil... Mais je ne peux pas accepter !! Ce serait considéré comme de la tricherie... Et puis, même si cela me permettrait d'aller plus vite, je n'aurais pas retravaillé la matière assez pour dire de m'y connaître un peu, et de la maîtriser au mieux !

Je m'étais étonnée moi-même d'avoir été tentée un instant d'accepter. Mais c'était illégal !

Tu viens de casser net mon élan de gentleman...

Je fis la moue quelques instants pour me donner un minimum d'air sérieux avant de sourire largement. Ce genre de manière ne me convenait pas vraiment et je n'étais pas gentleman pour un clou. Ni un valeureux chevalier prêt à tout pour sauver un membre de la gente féminine. Il s'agisait là d'un bien plus sombre projet, mais tellement enfantin au fond: Me faire une amie. Un ami aurait très bien convenu aussi mais ça on s'en fichait un peu.

Non je rigole. Plus sérieusement, je te remercie de refuser. Une pointe d'envie me titillait, j'ai toujours adoré les mystères et tout ce qui les entourent.

A peine surpris pas sa réplique, ben oui je me doutais bien qu'elle n'accepterait pas ce que l'on pouvait considéré comme de la triche, j'abandonnais vite fait l'idée de lui être utile. En plus, c'était elle que cela concernait au moins j'avais essayer.

Quel sérieux... Je ferais mieux de prendre exemple sur toi, avec un peu de chance mes notes ressembleraient un peu plus à quelque chose de correct.

Il me remercia d'avoir refusé. Je le trouvais de plus en plus bizarre !

Je le lirai la prochaine fois ! De toute façon, pour ce week-end, j'en ai déjà trois à lire pour passer le temps, puisque je ne peux pas encore reprendre l'entrainement. Mais je devrais pouvoir dés mercredi prochain !!! Enfin, en attendant, il ne me reste que le travail d'histoire et quelques exercices de trigonométrie. Donc j'aurai le temps de les lire tous les trois à mon aise.

Je remarquai alors que j'avais dévié la conversation sans m'en rendre compte. Cela restait bien entendu dans le registre de la lecture, mais ce n'était plus tout à fait pareil.

Si jamais tu as besoin d'aide quelque part, tu peux me demander !

Cependant, avant de lui rendre le livre, je l'ouvris à nouveau à une page aléatoire pour tenter d'en déchiffrer d'avantages, alors que lui regardait les livres que j'avais déposé sur l'étagère.
Après quelques secondes, j'eus l'impression que ma vue se brouillait, car les lettres devenaient floues devant mes yeux. Elles commencèrent à danser et je crus que j'allais m'évanouir, ou quelque chose dans le genre, car les symptômes étaient là. Je me sentais un peu déroutée. Une sensation bizarre, comme si on me retournait l'estomac, un haut le coeur s'empara de moi. C'était étrange, car cela ne ressemblait pas à une crise de quoi que ce soit...

Je me retrouvai soudain comme aspirée et transportée pendant moins d'une milli-seconde, avant de me retrouver je ne sais comment à l'extérieur, à un endroit inconnu. Une dernière chose qui aurait pu me paraître étrange, mais à laquelle je ne fis aucunement attention, fut le fait que face à cette situation, je n'éprouvais pour l'instant aucun symptôme, alors que c'était totalement hors du commun, ce qui m'arrivait !

Une impression bizarre me prit soudainement. Un affreux frisson remonta le long de ma colonne vertébrale se traînant entre chaque vertèbre toujours plus lentement. Après ce temps d'arrêt qui n'avait en réalité duré qu'un quart de seconde, je relevais les yeux observant mon entourage. Tout me semblait figé, comme si la vie s'était envolée de cette pièce à vive allure et sans nous prévenir.

Je pivotais sur ma gauche pour voir ce qu'il en était d'Evangelina. Les yeux vides de toutes expressions, elle était aussi immobile que le reste de la bibliothèque, gardant le livre entre ses mains. Lorsque j'effleurais sa peau pour tenter de reccueillir une réaction, je me sentis partir vers le bas, comme si j'avais eu la tête collée à une aspirateur qui avait pour idée de me faire terminer avec les moutons de poussières dans son sac.

Lorsque mon esprit sembla attérir, je remarquais immédiatement la présence d'Eva. Pourquoi cela ne s'était produit que lorsque j'étais entré en contact avec elle? Mais surtout que faisions-nous en cet endroit inconnu et totalement différent de tout ce que je connaisais?

Nous nous trouvions sur un monticulle rocheux, nos pieds semblant foulés un sol aride et poussiéreux. D'après les indicateurs visibles, le sol craquelé, l'absence de végétation et le soleil éblouissant au possible, j'en conclu que nous devrions mourir de chaud. Mais personnelement je ne ressentais rien, seule mes pupilles semblaient être "connectées" à cette dimension étrange.

Au loin, une bâtisse était visible. Une vieille église ou un temple à première vue. N'hésitant pas une seule seconde, ils nous fallaient savoir où nous étions, je saisis la main d'Evangelina, c'était aussi une précuation, qui ne semblait pas très présente et entrepris de descendre la colline. Mais cela ne fut pas nécéssaire finalement, nous nous retrouvions propulsé à l'endroit où je désirais aller. Alors il suffisait de penser pour se déplacer? Voilà qui était fort utile.

Je pensais pendant quelques secondes au fait que je désirais aller à l'intérieur de l'église et voilà que je me trouvais suspendus dans les airs à quelques mètres d'Eva qui se tenait à proximité de la seule femme du groupe que nous survolions. Un combat semblait avoir lieu, opposant des êtres pas froncièrement différents. Ils se battaient à l'aide d'armes appartenant au Moyen-Âge mais de leurs mains sortaient des sphères représentant les différents éléments qui régnaient dans la nature.

La jeune femme vers qui était attirée ma camarade de classe déploya des ailes similaires à celle des oiseaux, la faisant ressembler à une ange, et quitta le champ de bataille pour en rejoindre un autre où deux hommes se battaient en duel. Bien sûr nos esprits suivirent, nous positionant de manière à ce que nous ne loupions rien.

Ne se quittant pas des yeux, les deux hommes se jetèrent soudainement l'un sur l'autre. Le premier longs cheveux noirs noués en catogan, mais surtout le plus âgé, semblait avoir l'avantage sur le plus jeune, de taille moyenne et aux cheveux étrangement violet, qui s'essoufflait au fil des échanges. Alors qu'ils se stoppèrent à une dizaine de mètre l'un de l'autre, se toisant à la recherche de ce qui ferait plonger l'autre, la jeune femme fit son apparition et déboussola le quarantenaire qui chercha immédiatement à se venger. Mais les attaques combinées des deux plus jeunes suffirent à le faire plier, l'anhilant définitivement.

Mais la scène prit soudain un tournant tragique nous apprennant que l'amour les liaient. Tout les deux semblaient en mauvais état, mais c'est la fille qui en avait le plus bavée. Normal, on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle avait l'air d'une grande combattante ou de quelqu'un à l'endurance élevée. Le garçon reprit conscience peu de temps après qu'elle se soit écroulée. S'en suivit un étrange procédé. Leurs deux corps se mirent à rayonner, la majorité de la lumière allant se lover contre la fille.

Un nom s'impossait à mon esprit: Serenity. Mais qui était-elle...?

Je suivis Alexander, sans avoir peur de son contact. J'avais bien d'autres chats à fouetter pour me soucier de ça à ce moment-là ! Nous étions transportés ci et là, sans savoir comment, ni pourquoi. En tout cas, lorsque nous arrivâmes près de cette étrange église, je ne sus absolument pas comment cela se faisait, car nous en étions bien trop éloignés auparavent ! Enfin, tout était complètement bizarre ici...

Puis, je fus transportée près d'une jeune femme blonde. Je n'avais même pas senti que nos mains s'étaient détachées. Je détaillai les traits de l'inconnue, comme hypnotisée, sans faire attention à tout ce qu'il y avait autour. J'avais l'impression de la connaître... Mais elle ne me voyait pas. Elle se battait, de toutes ses forces. Cependant, on pouvait lire dans ses yeux qu'elle ne désirait pas cela. Elle ne voulait pas se battre...

Je fus éblouie par l'apparition de ses deux grandes ailes blanches ! C'était incroyable, comme spectacle ! J'étais en train de rêver... Je n'en revenais pas ! Comment pouvait-elle posséder des ailes ? Elle semblait pourtant si humaine quelques instants plus tôt !! Mais elle était un ange, un si bel ange...

Elle partit, et je la suivis, comme aimantée, aspirée par sa vision céleste. Je remarquai qu'Alexander en faisait de même. Nous arrivâmes en plein milieu d'un duel entre deux hommes, mais j'avais du mal à les détailler. De plus, je ne pouvais m'empêcher d'observer l'ange qui venait au secours du plus jeune. Sans savoir pourquoi, je sus qu'un lien très fort les unissait tous les deux...
Ils combatirent ensemble et vinrent à bout de l'homme aux cheveux noirs. Mais ils s'écroulèrent tous les deux. Ils étaient à bout de force !

Je remarquai alors que je pleurais abondamment depuis quelques instants déjà. Depuis qu'elle avait perdu conscience et qu'elle semblait mourir. C'était venu tout seul, sans même que je m'en rende compte. Mais elle allait s'éteindre...

Cependant, le sort n'en avait pas décidé ainsi ! Le jeune homme aux cheveux violets lui offrit un souffle afin de lui rendre la vie qui s'échappait de son corps ! Je fus émue par ce geste fort, et ce fut alors des larmes de joie que j'eus sur les joues. Ils allaient s'en sortir...

Soulagée, je pus à loisir décrypter les traits de l'inconnu qui était endormi. Il était vraiment beau, même si ses cheveux avaient une teinte surnaturelle. Mais tout ici l'était. D'autant plus le fait que je connaisse son nom, ou du moins j'en aie l'impression. Valdios... Je ne l'avais jamais entendu, jamais lu. Comment était-il arrivé à mon esprit ? Et comment se faisait-il que j'étais certaine qu'il lui appartienne ?

Mais après qu'allait-il se passer? Je me trouvais complètement captivé par ce qui semblait être une terrible histoire d'amour. Un peu plus et on aurait pu se croire dans l'une pièce de William Shakespeare, mais en plus noire sûrement, et aussi bien plus mystérieuse avec l'apparition de cet ange.
Je désirais profondément connaître la suite, au moins juste avoir une indication sur le sort qui allait leur être réservé. Il n'allait quant même pas rester là, seuls au monde, pour le restant de leur vie. Il y avait "un après" c'était certain!

Malheureusement, comme pour me contrarier, le même phénomène se produisit. Je parle ici de celui qui nous avait permis de découvrir ce couple. Saleté d'aspirateur qui avait enfin compris que nous n'étions pas à notre place dans ses entrailles.

Le retour fut assez brutal. Je ressentis comme une légère perte d'équilibre lorsque j'eu à nouveau une vue sur la bibliothèque. La gravité semblait soudainement bien plus forte et je du me retenir à une étagère pour ne pas tomber à genoux sur le sol. Encore une sensation bien étrange, décidément c'était la journée.

Directement, un doute me prit. Et si ceci n'était qu'un rêve. Et si j'avais simplement eu une absence et que mon subconscient avait prit les dessus? Non il n'y avait aucune raison et puis c'était quant même un peu trop précis. Je décidais donc de questionner Evangelina. Il fallait que je sache à quoi m'en tenir...

Toi aussi tu viens de vivre cette scène? Hein...?

Tout se floua. La scène se brouilla devant mes yeux. Nous refaisions le trajet en sens inverse, de ce monde vers la bibliothèque.

Le livre me glissa des mains alors que mes jambes se dérobaient sous moi. Je n'avais plus aucun équilibre. Je n'eus même pas le temps de me retenir à une étagère, mais comme je basculai sur le côté, je tombai sur elle et elle me tint debout. J'avais l'impression d'avoir effectué un vol plané. Mais après tout, n'avais-je pas volé, dans ce rêve ? Cependant, était-ce seulement un rêve... ?

Je relevai les yeux vers Alexander, et il me demanda alors si je venais bien de vivre cette scène. Quelle question ! Bien sûr que oui !... Mais alors... Je n'avais pas rêvé ! Lui aussi !!

Oui.. Je crois...

Je me redressai, encore toute patraque, et farfouillai dans ma poche après un bonbon à la fraise. Je l'enfournai directement et rangeai le papier.

Tu sais ce qu'il nous est arrivé ?

J'avais encore du mal à croire tout ce qui venait de se dérouler devant nos yeux ! C'était tout simplement incroyable...

A première vue, je n'étais pas le seul à avoir quelques problèmes au niveau de l'équilibre. Heureusement, elle ne se fit pas mal non plus. C'est seulement lorsqu'elle me répondit que je me permis de me laisser tomber au sol, en glissant doucement contre l'étagère avant de m'y adosser. C'était vraiment beaucoup trop fou pour que je puisse parler de ce petit "voyage" en restant perché sur mes deux jambes.

Je n'en ai aucune idée...

Ma phrase a peine terminée, je me mis à chercher une explication. Puis-ce que cela ne servait à rien de me diriger vers le rationnel, je choisis de me tourner vers mes connaisances en littérature fantastique ou tout ce qui aurait pu avoir ne fus-ce qu'un infime rapport avec ce phénomène.

C'est complètement fou comme déduction, mais peut-être que ce livre était imprégné des sentiments de celui qui l'a écrit et de ses personnages. Tellement imprégné qu'il a eut besoin de se déverser en quelqu'un. Pourquoi nous? Je n'en sais rien. Qui saît, c'est peut-être une affaire de sensibilité. Ce fameux sixième sens...

Il se laissa glisser au sol, et j'en profitai pour ramasser le livre. Il n'était pas abîmé, heureusement ! Je le touchais cependant avec méfiance, craignant qu'il ne recommence l'expérience.
J'écoutai ensuite la théorie du jeune homme et finis par m'asseoir près de lui, mais à au moins trente centimètres de distance. Je déposai le livre entre nous deux et croisai mes bras autour de mes jambes, que je venais de ramener contre moi.

Un sixième sens ? Je ne pense pas être dotée d'un quelconque sixième sens, à vrai dire !

Par contre, l'histoire de l'imprégnation du livre me paraissait tellement irréelle, mais pourtant tellement belle, incroyable, fantastique ! J'avais envie d'y croire ! Depuis toute petite, j'avais envie de croire à ce genre de choses, mais jamais un tel évènement ne m'était arrivé !! Devais-je y croire, maintenant ?

Qui est l'auteur ? Il n'y a rien qui puisse nous l'indique. A. d.L. ... On ne peut rien faire avec ça ! Et puis, il doit déjà être mort à l'heure qu'il est, donc ça ne servirait à rien...

Je réfléchissais de mon mieux en tentant de trouver une solution, mais aucune ne me venait à l'esprit.

Arrêtant mes réflexions, je l'observais du coin de l'oeil ramassé le livre. Il valait mieux rester sur ses gardes pour le moment. Même si ce que nous avions vécu était absolument magnifique, je ne tenais pas vraiment à y retourner tout de suite. Il allait au moins me falloir une dizaine de minute pour me remettre de ce voyage dans le passé.

Sincèrement, je ne pense pas non plus que ce soit mon cas. Mais pour le moment, avec le peu de renseignement dont nous disposons, je ne vois rien d'autre.

Mais comment en obtenir plus? Je n'en avais vraiment aucune idée. Peut-être commencer par questionner le bibliothécaire? Après, il y avait toujours une recherche sur Internet qui était possible. Mais si après, cela ne donnait rien, je n'avais plus aucune proposition à faire.

Pour le moment, je crois que la seule chose que nous avons à faire pour le moment c'est attendre. Si le livre désire nous livrer à nouveaus ses secrets, il le fera d'une manière ou d'une autre. Avec un peu de chance, il nous enverra à un signe ou n'importe quoi d'autre qui nous aidera à déchiffrer un autre morceau. Je fis une pause de quelques minutes avant d'ajouter. Je crois que nous devrions essayer de rassembler tout les indices dont nous disposons. Le moindre petit détail pourrait être utile. Personnelement, je me souviens d'un nom. Serenity... Du moins, je suppose que c'est le prénom de l'un des personnages du livre...

Moi non plus, je ne vois absolument rien d'autre. Tout ceci n'est peut-être qu'une illusion, après tout. Une si belle illusion...

Il m'informa que la seule chose à faire était attendre une nouvelle manifestation du livre, qui nous conduirait sûrement à un indice. Il fallait trouver un signe, quelque chose pour nous aider à déchiffrer ce charabia ! Mais cela me semblait insurmontable...

A l'évocation du prénom "Serenity", une chaleur inconnue vint se lover dans ma poitrine, provenant de nulle part. Encore une sensation étrange... C'était la journée ! Mais ici, ce n'était aucunement désagréable.. Quoique, cela se transforma bientôt en une certaine mélancolie, toujours aussi inconnue.
Je pris un nouveau bonbon -heureusement que j'en avais toujours deux ou trois en poche !- pour essayer de me recentrer sur la question.

Il y avait aussi "Valdios", l'homme qui lui a sauvé la vie...

Je me tus puis me tournai soudainement vers lui.

Tu crois que ce sont des anges ? Elle avait des ailes ! Peut-être que lui aussi !! Ce serait tellement magique si...

Je m'arrêtai et baissai les yeux, honteuse.

Excuse-moi, je m'emballe trop... Je raconte n'importe quoi !

Je ne saurais dire pourquoi, mais cela me semble familier...

C'était comme si la solution se trouvait en moi à l'état de braise, se contentant de chauffer un tout petit peu plus fort que d'habitude pour que je la remarque. Mais à quoi cela servait que je la remarque si j'étais dans l'imposibilité de la trouver. D'un côté, cela me torturait de ne pas en savoir plus, mais de l'autre ces braises avaient quelques choses d'appaisant, me poussant à me laisser aller et à caser cette histoire au fond de la mémoire, dans une toute petite boîte.

Qui saît... Ils en avaient la beauté en tout cas.

Je ne prétais pas réellement attention à la suite de sa phrase. Après tout, je pensais comme elle. Me laissant aller à la rêverie, mes yeux dérivèrent sans grande conviction sur les livres qui nous entouraient. Je n'avais plus envie de réfléchir, ni faire quoi que ce soit. Cette aventure m'avait gonflé de sérénité, je n'aurais pu me sentir mieux.
Soudain, je ne sais pas pourquoi j'avais lâché ça comme ça, je baissais les yeux au sol, observant les pierres bleues qui le composait, et soufflais pas trop fort non plus.

Ca te dirait qu'on mange ensemble ce soir...? Mais pas à la cafétaria, je ne tiens pas être épié. Je pensais plutôt tout emporté et rejoindre l'une de nos chambres.

C'est vraiment étrange, moi aussi cela me semblait familier ! Mais... pourquoi avons-nous ressenti cela en même temps ? ... Je sais, c'est la même question et nous ne pouvons pas y répondre...

Je soupirai et croquai mon bonbon qui se cassa en deux. Peut-être était-ce des anges, peut-être pas. Mais pour moi, ils devaient en être, je ne le voyais pas autrement ! J'en avais la conviction, au moins pour "Serenity".

Alors que je repartais dans mes pensées, visualisant la scène, il me proposa soudain de manger avec lui ce soir ! Je déglutis avec peine. C'était une invitation assez perturbante en soi ! Mais je réfléchis un instant avant d'hocher faiblement la tête. C'était très certainement pour parler des tout récents évènements.

Oui, ça me dirait. Peut-être que nous pourrons mieux réfléchir le ventre plein ! Et qui sait, le livre réagira peut-être une nouvelle fois... Quoique je préférerais attendre un peu avant qu'une telle chose ne se reproduise !

Chouette. J'espère que le menu de ce soir ne sera pas trop difficile à transporter...

Sans me départir d'un certain sourire, j'hochais vaguement les épaules. Après tout, on s'en fichait un peu, il y aurait toujours un moyen de transbahuter les assiettes. Je me redressais légèrement, observant ceux qui nous entourait. Certaines personnes commençaient à se demander ce que l'on faisait là, c'est sûr que ce n'était pas des positions des plus habituelles dans une bibliothèque, surtout pour ces petits fils et filles à papa.

Bon je crois qu'il serait tant de mettre les voiles. Un peu plus et ils vont encore trouver une rumeur à lancée.

En prenant appuye sur l'étagère, je me levais et m'étirais légèrement. Je me penchais ensuite pour reprendre le livre. Mais alors que je redressais mon buste, quelque chose frappa légèrement ma tête. Je me retournais vivement, me demandant ce que c'était. Qui était la meilleure question. Un jeune homme, nous devions avoir le même âge, tenant un balais me faisait face semblant passablement de mauvaise humeur.

- Ca vous dérangerait de vous bougez de là, je dois aller ranger des livres...!

Euh ouais, on va y aller...

Je m'emparais des livres d'Evangelina et quittais l'allée pour l'attendre sans géner l'autre élève qui se trouvait sûrement punis. Le vendredi était le jour des retenues après tout.

J'espère surtout qu'il sera bon ! Même si la plupart du temps ça l'est, parfois, je déteste ce qu'ils préparent !

Lorsqu'il se releva, je me décidai à en faire de même. Il était vrai que quelques élèves commençaient à s'apercevoir de notre étrange position. Ils nous regardaient intrigués et faisaient des messes basses entre eux. Je me redressai aussitôt les avoir aperçus, confuse et troublée. Je n'aimais pas que l'on me fixe de cette manière ! C'était très dérangeant.

Oui, partons vite. Je n'aime pas ce genre de situation...

Je repris l'étrange livre tandis qu'il prenait ceux que j'avais sélectionné tout à l'heure. Cependant, je n'aurais pas su travailler aujourd'hui, j'étais encore trop chamboulée par les évènements.

Un jeune homme vint nous demander de nous en aller. Je hochai la tête sans oser lever les yeux vers lui, pressée de fuir cette pièce trop peuplée ! Car même s'il n'y avait qu'une dizaine d'élèves tout au plus, c'était déjà beaucoup trop pour moi !!

Je rejoignis Alexander en vitesse, gardant les yeux baissés et le livre collé contre ma poitrine.

Je vais déposer ma carte à la bibliothécaire, ça ne prendra que quelques secondes... Tu as déjà ta carte ou tu veux prendre ton livre sur la mienne ? Ca ne me dérange pas...

Je m'emparai de mon sac en y fourant mon cahier et me dirigeai vers le guichet en évitant les regards qui nous suivaient. Les rumeurs étaient déjà lancées, impossible de les arrêter...

Oui merci, ce serait très gentil de ta part.

Un sourire vint se calé au coin de mes lèvres alors que je la suivais jusqu'au bureau où était assise la bibliothécaire, entourée d'un nombre incalculable de livres. Pauvre type qui était en retenue, s'il devait tout ranger, il allait en avoir pour au moins deux heures. Note à moi même, il allait falloir que je m'arrange pour ne pas être collé.

Cela me fait penser qu'il faudra que j'aille m'en faire, faire une quant j'aurais un peu de temps libre.

Une fois devant l'employée, je déposais les livres d'Evangelina sur la table avant de faire deux pas en arrière pour la laisser régler cela. J'attendis donc quelques instants qu'elle termine, les mains dans les poches de mon pantalon, laissant mes doigts joués avec les quelques pièces qui s'y trouvaient.
Dès qu'elles eurent terminer, je repris la pile de bouquin et suivis docilement ma camarade de classe dans les couloirs de l'école. Camarade de classe... Je détestais cette expression et pourtant voilà que je me mettais à l'utiliser.

Hum je te propose de commencer par aller déposer tout cela dans ta chambre. Après on passe vite au réfectoire pour prendre notre repas et on file dans ma chambre. Enfin si cela te convient. Elle doit normalement accueillir deux personnes donc elle est plus spacieuse.