Tantôt sonnera l'heure...

HS: Le titre original est "Rêverie, entre la froideur de la nuit et la chaleur de ton coeur..." mais c'est trop long pff

Un premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième, huitième, neuvième, dixième, onzième et enfin, deuxième coup. Minuit venait de sonner ses douze coups. La magie se brisa lorsque la froide et métallique dame rejoint sa place initiale, contre la plus petite infiniement plus vielle. Face à face durant soixante secondes, elles allaient devoir attendre qu'une nouvelle heure à laquelle s'ajouterait cinq minutes s'écoule avant de se retrouver. Cet instant était court mais au moins il existait.

Laissant mes yeux glisser dans la chambre sans réel but, je ne tardais pas à me redresser, me débarassant de la couverture d'un rapide coup de pied. Je ne pouvais continuer à patienter, il me fallait bouger pour ne plus y penser. Penser à ce rêve si troublant que j'avais fait il y a de cela dix jours. J'y avais longuement réfléchit mais à aucun moment, mon esprit avait réussi à convaincre mon corps de faire le premier pas. J'en étais totalement incapable...

Refermant délicatement la porte derrière moi, je m'aventurais dans les couloirs désert. Peut-être qu'un petit tour dans l'internat me permettrait de dormir un peu avant que le soleil ne se décide à se lever. Bien évidement, mes pas me forcèrent à passer devant sa chambre. Je m'arrêtais net et lui fit face. En ce moment, j'aurais donner n'importe quoi dans le seul but d'entendre sa voix.
Posant naturellement mon front contre le bois, je soupirais, encore hésitant. Non je ne pouvais décement pas la réveiller en pleine nuit alors que je n'étais même pas sûr des paroles que j'allais pouvoir lui adresser.

Quittant les rassurants couloirs des dortoires, je décidais de me rendre dans la salle de musique, lieu que j'avais découvert il y a peu. Je pris place derrière le piano, mes pieds nus frôlant le cuivre glacé des pédales de l'instrument. Hésitant, je posais mes doigts sur les touches d'ivoire noires et blanches. Ceux-ci ne tardèrent pas à glisser sans mal, composant une mélodie douce et si relaxante. "Rêverie" de Claude Debussy était le premier morceau qui m'était venu en tête lorsque la brise légère avait toucher ma peau, se frayant un chemin par le petit espace qu'un élève avait laissé en oubliant de fermer la fenêtre.

Depuis ce drôle de "rêve", j'avais beaucoup de mal à trouver le sommeil. Je n'arrêtais pas d'y penser, jour et nuit ! J'en avais même oublié Grégory, Tristan, et les autres. Mon esprit n'avait plus la capacité que de se concentrer sur une seule et unique chose : ce qu'il s'était passé dans la bibliothèque. Si bien que j'avais eu mes premières mauvaises notes depuis bien des années ! J'avais reçu deux B+ en deux semaines...

Arrivant enfin à m'endormir - on ne pouvait pas dire que ces notes atrocement basses m'avaient aidé -, je ne pus m'empêcher de penser encore à ce drôle d'endroit, où nous nous étions retrouvés, Alexander et moi. Et à ces étranges personnages, tout droit sortis d'un roman, me trottaient dans la tête. Qui étaient-ils réellement ?

Sans s'en rendre compte, Evangelina se leva, prise dans les bras de Morphée. Inconsciement, elle sortit de sa chambre, en robe de nuit, sans même prendre un pull ou autre chose de plus chaud. Elle était pieds nus, malgré le bandeau qui entourait toujours sa cheville et qui n'y resterait plus très longtemps. Ses yeux bleus étaient ouverts, mais vides de toute expression : elle dormait.
Ses pas la menèrent le long d'une mélodie qui résonnait à son esprit. Une douce mélodie qu'elle n'avait jamais entendue. Pourtant, arrivée devant la salle de musique, elle se mit à la fredonner doucement, comme si elle l'avait toujours connue. Peut-être était-ce dû à la répétition des lignes alors qu'elle marchait dans les couloirs, somnambule de minuit aux cheveux blond doré.

Elle ne remarqua pas le joueur de piano et s'avança en effectuant quelques pas très simples de danse en rythme avec la musique, parcourant la pièce jusqu'à la fenêtre en faisant virevolter sa robe rose pâle. Elle avait toujours fait de la danse, de toutes les sortes, mais la danse classique était sa préférée, parce qu'elle était tout en douceur et en volupté. De plus, les ballets la faisaient rêver, tout autant que les mélodies ! C'était vraiment la plus belle musique du monde...

Rejouant inlassablement la même mélodie, je finis par être complètement déconnecté de la réalité ne me rendant même pas compte qu'une étrange danseuse avait fait son apparition dans la salle de musique. Mes doigts continuerent de glissés sur les touches jusqu'à ce que je remarque enfin la petite blonde, tournant autours du piano tout en délicatesse. Assez surpris, je m'arrêtais laissant retombées mes mains sur mes cuisses.

Evangelina...

Et oui, c'était bien elle qui, dans la pénombre, tournoyait avec une infinie douceur. Je me relevais et fis quelques pas vers elle. Mais alors que je me trouvais très proche, je remarquais qu'elle dormait en réalité toujours. Alors la Belle était somnanbule...

Une foule d'idées me traversa l'esprit, idées que je me dépêchais évidement d'éliminer de ma tête à l'instant même où elles étaient apparues. Je reculais pour m'accouder au piano me contentant désormais de l'observer en silence. Après tout, ne fallait-il pas jamais réveiller les somnanbule?

La musique ne cessait de résonner à ses oreilles alors que ses doigts couraient sur les nombreuses touches du piano. Elle virevoltait autour de lui sans s'en rendre compte, elle était ailleurs, bercée par la mélodie. Même après autant de temps d'inactivité, ses "instincts" de danseuse étaient toujours éveillés et reprenaient inconsciement le dessus.

La musique cessade résonner à ses oreilles, mais son souvenir restait gravé dans sa tête, comme si Alexander n'avait pas arrêté de jouer.
Elle crut entendre son prénom, cependant ce son était bien trop lointain pour qu'elle le prenne réellement au sérieux. Et puis, qui l'aurait appelée ? Personne ne l'appelait jamais dans son sommeil. Elle se réveillait seule depuis des années ! Elle était seule depuis des années...

Peu à peu, les dernières effluves des notes de piano, encore suspendues dans l'air, disparaissaient. Ses mouvements se firent eux-aussi plus lents, jusqu'à ce qu'elle s'arrête, les yeux fermés, comme si le temps s'était lui-même stoppé dans sa course. Durant un instant, il n'y eut plus aucun bruit, plus un mouvement, plus rien. Et elle ouvrit les yeux...

Devant moi, le mur. La question sur mes lèvres : où suis-je ? Puis d'autres suivirent : que fais-je ici ? Comment ai-je atterri dans cet endroit ?
Je me retournai et eus le souffle coupé devant ce spectateur que je n'avais pas vu. Je faillis défaillir en remarquant que j'étais en robe de nuit devant lui, sans faire attention à sa propre tenue.

Ma respiration s'accéléra sous le coup de la panique qui s'affaissait sur moi de manière violente. Tant le fait de me retrouver là, perdue, de cette manière, en pleine nuit, avec lui...

Qu'est-ce que je fais là ?

Ce furent les seuls mots que je pus prononcer. Je me sentais bien trop opprimée et oppressée pour pouvoir en dire plus !

Les yeux toujours rivés nerveusement sur l'époustoufflante danseuse, je ne pu réprimer ce sourire franc et absolument conquis, qui ne cessait de me coller aux lèvres depuis plusieurs semaines. Comment aurais-je pu me détaché de cette adorable jeune fille introverti à qui il ne manquait que l'écoute et le respect des autres?

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, je rougis timidement me sentant prit comme un voyeur profitant de l'inattention d'une femme pour la détaillée, peut-être un peu trop. Pour toute réponse à ses questions, je me contentais d'hausser les épaules avant de me concentrer un peu plus sur une explication.

Je... Tu as débarquer soudainement. C'est tout ce que je sais! Je suis totalement innocent sur ce coup-ci...!

Bravo, vives les explications qui me faisait paraître comme quelqu'un de franchement suspecte. Un véritable idiot incapable de placée une phrase concrète qui ne m'attirerait pas des problèmes.

Il haussa les épaules à mes questions... il haussa les épaules !! Comme tous les autres... Et il ne me répondait même pas vraiment. Etait-il aussi innocent qu'il l'affirmait.

Tu tu tu...

Je me stoppai et baissai les yeux avant d'essayer de reprendre une respiration normale, ce qui était peine perdue. Il était rare que je bagaye, mais cela arrivait parfois. Ce n'était pas forcément dû à l'intensité du trouble qui m'habitait, c'était presque incompréhensible par rapport aux autres facteurs qui semblaient plus ou moins gradés.

Que s'est-il passé ?

Je me ravisai sitôt ma question posée. Il avait déjà balayé les autres, pourquoi celle-ci ferait-elle exception ? Ca ne servait à rien, rien ne servait à rien ! Et j'étais fatiguée...

Je... je dois sûrement être encore en train de rêver ! Mais pourquoi suis-je en train de rêver de toi ?

Cette révélation me redonna des forces. Ce n'était pas vraiment la réalité, il n'était pas vraiment devant moi. Dans mes rêves, je me sentais de suite un peu plus sûre de moi, mais très légèrement. Néanmoins, je pouvais parler plus librement...

Ca n'arrête pas ces temps-ci ! Toi, la jeune femme, le jeune homme... Mais surtout toi !! Je ne sais pas ce qu'il me prend ! Tu le sais, Alexander ? (...) comme si un rêve pouvait me répondre...

Je le contournai et allai m'installai sur le tabouret devant le piano. Mes doigts effleurèrent à peine, sans un bruit, quelques touches et je soupirai, calmée par ma lassitude.

Dire que je ne me réveille toujours pas... Quelle heure est-il ? J'espère que mon réveil sonnera bientôt pour me sortir de là...

Je pouvais réfléchir plus ou moins normalement, mais seulement parce que je croyais dur comme fer que ce n'était pas la réalité.

Quoique...

Je relevai la tête et toisai la fenêtre et, par-delà, la lune et ses étoiles.

C'est plutôt agréable comme rêve...

Un rêve? Alors elle ne croyait pas réellement au fait qu'elle et moi, nous nous trouvions seule dans la salle de musique en plein milieu de la nuit? Mais d'un autre côté qui me prouvait que ce que nous vivions était la réalité? C'était peut-être comme avec le livre, le rêves d'autres personnes que nous n'avions pas encore la chance de connaître. Discrètement, je glissais ma main sur mon avant-bras et pincais ma peau dénudée. Pas de doute, au vu de la douleur, c'était bien vrai.

Un rêve... Oui, c'est ça c'est toi qui a raison!

Pourquoi avais-je dis ça alors que je venais de me prouver par A + Z que nous ne revions pas! Par instinct pratiquement, je m'étais approché d'elle lorsqu'elle s'était posée sur le tabouret en face du piano. Elle ne fit plus attention à moi durant quelques instants et j'en profitais pour m'agenouiller à côté d'elle. Ma main trouva place contre sa joue, tout naturellement alors que moi comme un idiot je cherchais encore ce que j'allais dire.

Si c'est bien un rêve et qu'il est agréable... alors si je venais à t'embrasser ce serait l'idée de ton subconscient n'est-ce pas... Comme si c'était ton désir le plus profond... C'est-ce que tu te dirais à ton réveil...?

Il ne me contredit pas : j'étais bien en train de rêver, comme plusieurs nuits précédents déjà, à lui. Etrangement, les autres personnages de cette intrigue douteuse ne s'étaient pas encore présentés à moi. Nous étions seuls dans la salle de musique, moi assise devant le piano et lui debout un peu plus loin. Mon regard était perdu dans le vague lointain de la nuit infinie, je ne fis pas attention à son avancée qui, de toute façon, était purement fictive.

Ce n'est qu'un rêve...

Pourtant, lorsque sa main toucha ma joue, j'aurais juré que c'était la réalité ! J'en eus même un frisson, sur le coup. Mais après tout, les rêves pouvaient parfois se montrer très réalistes ! Et puis, jamais il ne ferait une chose pareille, et jamais je ne laisserai faire une chose pareille...

Soudain, ce clone parfait d'Alexander me posa une étrange question, que je crus au début ne pas bien comprendre. Je me mis à y réfléchir, comme si elle demandait une si longue réflexion alors que ce n'était pas réellement le cas.

Que me dirai-je à mon réveil ? interrogeai-je à haute voix.

Je rougirais de cette perspective quelque peu embarassante, à vrai dire. Mais je ne pourrai nier mon propre subconscient, c'est un fait... Alors oui, c'est bien là ce que je me dirais à mon réveil...

C'était tellement étrange de dialoguer ainsi avec une créature inventée de toute pièce par mon rêve. Jamais il ne m'aurait dit cela en réalité, ce qui me chagrinait légèrement.

C'était si... tentant. Comme si à cet instant, quoi que je puisse faire l'envie de l'embrasser primerait sur tout autre chose. Un ouragan aurait pu emporter le toit qui se trouvait au-dessus de nos têtes, tant qu'elle restait assise sur ce tabouret, rien n'aurait pu me déranger. Prenant appuis, grâce à ma deuxième main, sur le siège, je me redressais lentement, mes yeux cherchant en cet instant les siens.

Pour ce doux mensonge, je ne m'excuserais jamais...

Mes paupières se fermant délicatement, je poursuivais mon geste jusqu'à ce que nos lèvres se frôlent. Et enfin une pression légèrement plus forte s'excerca. Durant quelques instants, je fus incapable de réfléchir, tout en moi étant concentrer sur ce baiser. Et puis la raison revient. Plus rapidement que je ne l'aurais voulu malheureusement. Mais il y avait une chose dont j'étais sûr. Une seule et unique chose. J'étais tout simplement entrain de tomber amoureux d'elle.

Maintenant ou lors d'un fictif réveil, quant préfères-tu rougir...?

Ma main concervant sa place sur sa joue, j'eus un très léger sourire. En vérité, je n'attendais que ça...

Je baissai les yeux sur ce presqu'inconnu qui hantait mes rêves, ces rêves qui en cet instant me semblaient tellement près du Grand Rêve que j'en imaginais la débauche attachée à ma pensée. Son regard satiné que j'osais d'habitude à peine soutenir était à présent plongé dans le mien. Je crus défaillir devant cette profondeur ancrée, cette émotion inconnue qui, semblant émaner de lui, me prenait à mon tour.

Je ne compris pas cette allusion au mensonge, si doux fut-il, ni à cette excuse qui n'arriverait jamais. Ce qui m'important en cet instant était ses lèvres qui ne tardèrent pas à lier les miennes. Bien qu'étant dans un rêve, je fermai les yeux. Même si ce n'était pas mon premier baiser, et qu'il était tout à fait faux - Grégory m'avait déjà embrassée contre mon gré et tout ceci n'était pas vrai -, je le trouvais horriblement agréable, tout en chaleur. Je pouvais presque le toucher pour de vrai...

Son visage s'écarta du mien et il revint sur mes précédentes paroles. J'étais encore imprégnée de ce moment qui, s'il s'était produit durant mon réveil, aurait été bien plus magique encore - même s'il faut avouer que je ne pouvais prévoir comment mon propre corps réagirait à un si grand bouleversement. D'ailleurs, ce dernier n'avait pas attendu sa remarque et mes joues étaient déjà rouges et chaudes. Pourtant, même si cette chaleur se propageait dans mon corps, ma tête me semblait lourde et des frissons me parcouraient. J'essayais tant bien que mal de me convaincre que tout ceci n'était qu'un rêve, mais mon corps commençait à rejeter l'idée...

Dans cette obscurité lancinante, ses pupilles d'un bleu si indescriptible ne me semblait que plus envoûtante, devenant l'océan dans lequel j'allais me noyer si je ne me décidais pas à tenter de nager. Tout comme Icare, si je m'approchais trop du dieu soleil, la cire de mes frêles ailes allaient fondre et me précipiter dans l'immensité topaze. Mais tout comme lui, il était certain que je ne pourrais pas résister à l'envie de découvrir ce qui était inconnu et d'aller toujours plus loin, toujours plus haut.

Tu es encore plus mignonne quant tu as l'air embarassée... C'est bizarre, pourquoi est-ce que quant une femme rougit elle n'en est que plus belle...? Enfin tu n'es peut-être pas la personne à qui il faut demander puis-ce que tu es une fille... Bref passons.

Si elle rougissait quant elle était embarassée, moi je n'en étais que plus idiot. Ou plutôt non, je paraîssais plus idiot parce que j'exprimais la moindre de mes pensées sans prendre réellement le temps de les trier.

Tu veux vraiment croire que ce n'est qu'un rêve..? Si c'est le cas, tu n'auras qu'à fermer les yeux. Je ne serais plus là lorsque tu les réouvriras ce qui confirmera le fait que durant ta crise de somnenbulisme tu n'as fait que venir jouer au piano.

Je ne savais pas si c'était possible, mais en tout cas je sentis que la chaleur de mes joues augmenta à se réflexion, suivie du rouge qui les recouvrait.

Tu ne devrais pas dire des choses pareilles...

Je ne croyais pas à cette beauté qu'il me vantait, je n'y avais jamais cru. Pour moi, j'étais une fille plus que quelconque, qui tentait rester invisible mais qui, par manque d'habileté, n'y parvenait même pas.

Encore une fois, il m'interrogea. Mais cette fois-ci, il semblait vouloir écarter la théorie du rêve. J'étais perdue : que devais-je croire ? Que devais-je faire ? Si je fermais les yeux, il disparaitrait, et je n'en avais pas envie ! Mais ceci n'était qu'un rêve, alors je devais le faire... Avais-je envie qu'il s'arrête ? Non, bien sûr que non !!

Je ne fermai pas les yeux, mais je les détournai. Cependant, pour qu'il ne disparaisse pas trop vite, j'attrapai son poignet et me tournai vers le piano, le tenant toujours. Encore une fois, son contact me semblait si réel...

Je ne faisais que jouer au piano... C'est donc cette douce mélodie que j'ai entendue. Et pourtant, je ne la connaissais même pas...

J'esquissai d'une main la mélodie de fond, essayant de me rappeler toutes les notes car certaines menaçaient de s'évaporer. Et puis, il me faudrait deux mains pour la réaliser, mais je ne voulais absolument pas le lâcher !

Mais j'en ai envie. Alors pourquoi devrais-je taire la vérité?

Il était grand temps pour moi qu'elle se rende compte qu'elle avait tout pour elle et un charme fou en prime. Etais-je le seul à avoir découvert cette beauté qu'elle tentait à tout prix de cacher? Ou alors c'était que je me faisais vraiment des idées.

C'est l'inspiration divine. Ou un truc du genre quoi...

Elle ne me facilitait pas la tâche. Déjà, je n'avais aucune envie qu'elle pense qu'il s'agisse d'un rêve mais alors si en plus avant de fermer les yeux, elle m'impossait la douceur de ses doigts frais que je ne pourrais certainement pas oublier, j'allais avoir du mal à faire ce que j'avais dit.

Si tu ne me lâches pas, on y arrivera jamais Angie. Mais ce n'est pas pour me déplaire... Et si tu ne fermais pas les yeux et que tu sortais avec moi à la place? C'est mieux qu'un rêve je trouve...

Rougir, rougir plus encore à chacune de ses paroles ! Il me fallait m'isoler dans cette mélodie qui arrivait à peine à m'entrainer à présent, car il était bien plus aimanté qu'aucune musique ne le serait jamais !

Non ne te tais pas...

J'aimais beaucoup le son de sa voix, en vérité. Il avait été le premier à me dire quelque chose de gentil, le premier à me protéger, le premier à s'approcher de moi non par intérêt, mais par envie... Du moins l'espérais-je, ce dernier point !
Au nom d'Angie, mes doigts s'arrêtèrent net sur le clavier. Je restai figée et écoutai le reste de son discours sans plus bouger. Il me demandait vraiment cela ? Et en m'appelant de cette manière... Ma mère m'appelait comme cela lorsque j'étais petite ! Ou était-ce ma nounou ?...

Je me tournai vers lui, cherchant dans son regard une sincérité honnête.

Tu désires me faire avoir une crise cardiaque, Alexander ?

Une certaine ironie se dégageait de ma voix, mais ce n'était pas réellement voulu. Je pleurais... Je pleurais pour tellement de choses différentes qu'il serait trop long de les citer ici ! Mais une chose était sûre : ce n'était pas un rêve...
Ma tête vacilla et mon front alla se poser sur son épaule. Je lâchai sa main pour sécher mes larmes qui étaient si humiliantes ! Je ne rêvais pas, j'avais honte ! Honte de moi, de mon comportement, de ce que j'avais dit, et de ce que je ressentais...

Pourquoi voudrais-tu sortir avec moi ? ... Pourquoi en ai-je envie moi aussi... ? Alors que je ne sais même pas ce que cela signifie ! Je n'en ai pas la moindre idée...

Ca c'était déjà une victoire en soi. Si elle acceptait encore d'entendre ma voix c'est que tout n'était pas encore perdu. Ses quelques mots me poussèrent à continuer et voilà comme j'avais été jusqu'à lui proposer de sortir avec moi. C'était peut-être un peu rapide? Enfin pas à mon point de vue, mais chacu avait sa manière de pensée.

Euh non pas vraiment. Faudrait pas que tu me claques entre les doigts de cette manière, ce serait assez génant...

J'avais bien sûr dit cela en plaisantant mais cela ne changeait rien au fait que je désirais profondément en faire ma petite amie. Et c'est ainsi que je me trouvais fort content de la voir s'appuyer contre moi. Elle lâcha finalement mon poignet, mon bras retombant lourdement le long de mon corps.

Pourquoi est-ce que tu pleures? Larmes de joie ou bien au contraire de dégoût, de mal aise ou de tout autres choses du genre?

En voilà toute des excelentes questions, auquelles je n'avais la réponse que pour l'une d'entre elle.

Pourquoi? Parce que tu es une fille extraordinaire pardi. Et puis je dirais même que c'est aussi parce que je suis clairement entrain de tomber amoureux de toi pour parler sans détours... Et puis, on pourra apprendre ensemble, petit à petit. On s'en fou de ce que cela signifie pour les autres, c'est ce que toi et moi nous pensons qui est le plus important.

Pourquoi est-ce que je pleurais ? Je ne pouvais pas lui dire, je ne pouvais pas tout lui dire !

Je me sens...

Je marquai une pause pour tenter de discerner ce que je ressentais en ce moment même.

Bien... et mal...

Je ne pouvais pas mentir sur ce point, mes émotions étaient très partagées. Il m'était impossible de faire la part des choses, mais j'avais le sentiment que je pouvais le lui dire.

Mal à l'aise parce que je ne rêve pas... Et que je ne me contrôle pas ! Je n'arrive pas à me contrôler...

Mon coeur se serrait affreusement dans ma poitrine sous le choc de ses paroles. Déjà, l'oppression revenait au triple galop !

Ils te détesteront autant que moi, ils te haïront parce que tu tombes amoureux d'une idiote !

Ma respiration devint saccadée et bruyante. Je me concentrai pour ne pas succomber à ces symptômes qui murissaient les uns après les autres. Je serrai les poings pour m'empêcher de craquer, même si cela était de plus en plus fort ! Je ne parvenais même plus à parler...

J'en ai rien à battre des autres. De toute façon, Grégory ne m'aime pas et je ne pense pas que cela changera alors je vois pas en quoi ce serait différent. Et puis je ne tombe pas amoureux d'une idiote! Ce sont eux les idiots, ils sont complètement aveugles!

Profitant du fait qu'elle se tienne toujours contre moi, je passais mes bras autours d'elle, l'enlaçant doucement. Je n'y comprennais rien. Ses crises restaient pour moi le plus grand des mystères, ainsi je ne savais même pas comment la soulagée ne fus-ce qu'un petit peu. C'était tellement douloureux d'être aussi impuissant face à cette situation.

Ca va aller Evangelina... Tu ne dois pas t'inquièter pour toute ses histoires, rien ne presse. Je ne mourais pas si je n'ai pas ta réponse dès ce soir.

Si lui se fichait éperdument des autres, il en était différent de moi. Je ne voulais pas attirer l'attention, je ne voulais pas qu'ils me voient ! Je désirais seulement être invisible à leurs yeux, pour qu'ils me laissent tranquilles et ne me causent pas d'ennuis. Cependant, des ennuis, j'en avais tout le temps ! Tous les jours... J'aurais préféré qu'ils soient tous aveugles, comme il le disait. Mais hélas, c'était impossible, et je me sentais bien trop égoïste à l'idée de penser cela que je n'osai même pas lui révéler.

Lorsque ses bras m'enserrent, ce fut plus que je ne pouvais en supporter en une seule fois. Je ne pleurais plus depuis quelques instants déjà, tentant désespérément de résister à la décadance qui s'emparait de moi. Mais à présent, c'était peine perdue, j'avais atteint ma limite.
Dans un hoquet qui tenait certainement plus du soubresaut violent, l'air s'échappa de mes poumons pour ne plus daigner y revenir. J'étouffais littéralement, et malgré mes efforts pour faire entrer de l'oxygène dans mon corps, ce dernier refusait d'obéir. Il devenait totalement incontrôlable... Pourtant, mon esprit essayait de rester clair, même s'il était de plus en plus obscurci par la tension et le manque d'air.

Je ne m'inquiétais pas, je brûlais intérieurement, tant par la peur et le malaise que m'ingligeait cette situation que par mes propres réactions. Depuis toujours, j'avais réagi de cette manière. Depuis toujours ? Non, pas tout à fait...
Et ma réponse, je n'aurais su la lui donner dans cet état... Heureusement que ça ne le tuerait pas ! En espérant que j'y survivrai moi aussi...

Dans un geste à demi-contrôlé, je le repoussai et, voulant me relever, me retrouvai aussitôt au sol - mes jambes étaient trop faibles en cet instant pour me supporter. Presque à quatre pattes, je ressentais la pesanteur plus que d'habitude, elle m'attirait irrémédiablement vers le centre de la Terre, tandis que le noir se refermait autour de moi.

Je me trouvais réellement dans une impasse. Il était certain qu'elle ne se sortirait pas de ce sale tripe toute seule et que j'étais totalement incapable de l'aider. Mais alors à qui pouvais-je m'adresser? Au médecin scolaire? Certainement pas, celui-ci vivait en dehors du campus d'après ce que j'avais pu comprendre. Je pouvais toujours aller dans l'aile des professeurs mais ils ne sauraient sûrement pas faire grand chose. Soudain, l'image de l'agenda qu'elle avait sortit de son sac pour appeler son médecin traitant lorsqu'elle était tombée sur la glace me frappa. Oui, lui saurait quoi faire.

Je reviens tout de suite...! m'étais-je sentit obliger de préciser.

Sautant sur mes pieds, je sortis en cavalant de la salle de musique me retrouvant dans le couloir encore silencieux. Courant à en perdre haleine, sans prendre garde au fait que je manquais de me prendre le mur à chaque tournant, j'arrivais très vite devant la chambre d'Evangelina. J'ouvris la porte sans la moindre délicatesse et me précipitais dans la pièce. Heureusement, celle-ci était extrêmement bien rangée et je trouvais immédiatement son sac. Malgré le fait qu'on m'ait toujours appris que l'on devait pas fouiller dans les effets personnelles d'une dame, je mis ça sur le dos de l'urgence et l'ouvris pour découvrir le fameux carnet. Je tournais rapidement les dernières pages jusqu'à trouver le numéro. Elle avait eut l'intelligence d'indiquer qu'il s'agissait du médecin ce qui m'avait fortement facilité la tâche.

Maintenant restait à trouver un téléphone. Le mien était rester quelques parts dans le fouillis qui composait ma chambre, je décidais d'abandonner tout de suite et choisis de rejoindre l'accueil. Un nouveau sprint m'y conduit rapidement et je me stoppais à quelques centimètres de la porte du logement du concierge. Je frappais brutalement contre le carreaux jusqu'à ce qu'une lumière s'allume. Ouf il était réveiller. Encore à moitié endormis, il vient ouvrir.

- Que veux-tu petit?

Je lui expliquais ce qu'il se passait en évitant un maximum les détails et comprennant la certaine urgence de la situation, il s'empara de ses clées pour aller dévérouiller l'accueil. Je le dépassais et sautais littéralement sur le téléphone. Je composais le numéro indiqué dans l'agenda et attendis quelques sonneries avant d'entendre la voix du médecin. Lui aussi je venais de le réveiller. Pour la deuxième fois en cinq minutes, j'expliquais à quelqu'un ce qu'il se passait et il m'indiqua qu'il arrivait tout de suite. Sans autre forme de politesse, il raccrocha et j'en fis de même. Encore quelques paroles pour le concierge à qui j'indiquais qu'il faudrait ouvrir l'entrée pour que le médecin puisse entrer dans l'école.

Le souffle irrégulier et en sueur, je retournais dans la salle de musique où Evangelina semblait toujours aussi mal et attendis de voir apparaître le docteur. Heureusement, celui-ci ne se fit pas prier, se montrant très vite...

Je perçus à peine son départ et son retour : tout s'était écoulé comme si je me trouvais dans un autre temps, ailleurs. Qu'il soit revenu quelques minutes plus tard ou qu'il ait pris trois heures, je n'aurais sans doute vu aucune différence... Je ne savais même pas ce qu'il était allé faire. J'avais cru qu'il m'avait abandonnée là, tout simplement...

Le médecin pénétra très rapidement dans la pièce, adressant à peine un signe de tête à Alexander. Son regard était rivé sur moi : il connaissait ce genre de crises et savait ce qu'il devait faire. Il s'agenouilla en déposant sa malette sur le côté. Mais avant de sortir quoi que ce soit, il posa sa main sur mon épaule, tout doucement, ce qui me fit sursauter.

"Eva, c'est moi, Ewan James..." me dit-il d'une voix aussi douce que son geste.

"Eva, tu dois te calmer. Tu dois te calmer et respirer. Tu n'es pas en train d'étouffer, ce n'est qu'une illusion, rien de plus. Tu ne crains rien, il ne va rien se passer."

Sa voix familière sembla permettre à l'air de circuler à nouveau dans mes poumons. C'était déjà un pas en avant.
Il ouvrit sa malette et en sortit une boite de pillules roses. Il en prit deux entre ses doigts et, prévoyant comme à chaque fois, il versa de l'eau dans un gobelet en plastique - j'avais déjà brisé un ou deux verres par le passé, si bien qu'il avait retenu la leçon. Il me tendit d'abord les pillules, histoire de voir si j'arrivais à les tenir sans trop trembler, ce que je parvins après quelques secondes. Il me donna alors le gobelet mais retint ma main de manière prévenante. Je me sentais plus bas qu'une poupée en porcelaine, comme un pantin accroché à ses fils et dépendant de celui qui les tire...
J'enfournai les pillules et il m'aida à porter le verre à ma bouche. J'avalai difficilement cette eau qui me paraissait glâcée, ce qui avait pour effet de me faire ressentir cette chaleur inhabituelle qui m'habitait. Il reprit le reste pour éviter tout renversement et reposa ses mains sur mes épaules.

"Maintenant, il faut que tu ailles te reposer et que tu restes au calme. Je vais te faire un certificat et une demande de médicaments, même si tu en as encore, parce que je suppose que tu as bientôt terminé tes boites. J'enverrai une note à tes parents pour les prévenir, ils devraient me répondre."

Ca, il en doutait beaucoup, car mes parents ne répondaient jamais à ses notes, même si lui me le cachait. Heureusement que je n'étais pas au courant de cela... Malgré tout, je savais qu'ils se souciaient peu de moi...
Je ne faisais qu'acquiescer à ses paroles, comme si le fil qui retenait ma tête était parfois légèrement tiré par cette main invisible.

"Ca va aller ? Tu veux que je reste encore un peu ?"

Encore une fois, je hochai la tête, mécaniquement. Je reprenais peu à peu mes esprits, mais une énorme vague de fatigue et de flou s'emparait de moi.
Il resta encore à mes côtés durant une bonne dizaine de minutes puis jugea qu'il pouvait me laisser en compagnie d'Alexander, qui me reconduirait à ma chambre. Je le saluai et il demanda à s'entretenir avec le jeune homme tout en gardant un oeil sur moi.

"Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais je préfère vous prévenir : il ne vaut mieux pas trop la pousser dans ses retranchements, ça pourrait être dangereux pour elle. Cette nuit, on a évité le pire, parce qu'elle a réussi à garder conscience, mais ça ne sera peut-être pas toujours le cas. Faites attention, c'est tout ce que je peux dire."

Il lui tendit deux papiers officiels où il avait griffonné plusieurs lignes.

"Prenez ceci, il faudra en donner un à l'infirmier et l'autre au directeur. Je sais qu'elle déteste ça, mais je la mets sous certificat demain matin, pour qu'elle puisse récupérer. Elle aurait trop de mal à se réveiller, même si elle le ferait sans aucun doute !
Ah oui, et si vous pouviez veiller à ce qu'elle prenne bien tous ses médicaments, je sais que parfois, après ce genre de crises, elle est un peu dans les vappes et elle en oublie certains, si pas tous. Merci."

Il jeta un coup d'oeil à sa montre avant de saluer Alexander.

"Je dois y aller, raccompagnez-là à sa chambre, et s'il y a quoi que ce soit, contactez-moi immédiatement ! Sur ce, bonne fin de nuit..."

Il disparut dans les couloirs en n'oubliant pas de venir me saluer à nouveau.

L'arrivée du médecin fut une réelle bénédiction pour moi. Une partie du stress qui s'était accumulé en moi s'évapora par un long et silencieux soupire. Je détournais légèrement les yeux pour laisser de la distance entre nous. Cela avait beau être une urgence, il s'agissait quant même d'une consultation médicale. Mais cela ne m'empêcha de garder une oreille attentive à la discussion et de retenir ce que faisait et disait le praticien. Mine de rien, cela pourrait avoir son utilité, si elle refaisait une crise. Du moins en attendant que le docteur arrive.

Je restais en retrait, jusqu'à ce qu'il replie ses affaires pour enfin se relever. Laissant Evangelina seule quelques instants, il demanda à me parler. J'acceptais bien sûr immédiatement attentif, à tout ce qu'il avait à me transmettre. Je pris les papiers lorsqu'il me les donna et les glissaient dans la poche de ma chemise une fois qu'ils furent pliés en deux.

J'y veillerais, Sir.

Après avoir portée son attention une dernière fois sur Evangelina, il quitta la salle de musique, nous laissant à nouveau seuls tout les deux. J'allais devoir prendre de sacrées pincettes pour être sûr de ne pas faire quelques choses qui puissent la stresser. En réalité, je ne savais absolument pas ce que je devais faire. Certes c'était bien gentil de me demander de la raccompagnée à sa chambre mais comment devais-je m'y prendre?

Prenant d'une certaine façon mon courage à deux mains, je m'approchais d'elle. Une fois que je lui fis face, je m'abaissais, allant même jusqu'à m'asseoir pour être plus ou moins à sa hauteur. Bon c'était déjà une bonne chose, maintenant restait à trouver les bonnes paroles.

Tu veux retourner dans ta chambre maintenant? Ou il te faut encore un peu de temps...?

Après le départ du docteur James, Alexander, après quelques minutes, s'approcha de moi. Il s'assit même juste en face de moi, finissant par demander si je voulais retourner dans ma chambre ou s'il me fallait encore un peu de temps pour m'en remettre. Je mis quelques instants à lui répondre, d'une toute petite voix.

Ca va... Je peux marcher...

J'avais à présent un énorme coup de pompe et je sentais que je n'allais pas tarder à m'endormir comme une masse ! Il fallait que je rejoigne ma chambre le plus vite possible.

Je vais retourner dans ma chambre...

Cependant, malgré mes paroles, je ne me levai pas. Je gardai les yeux au sol, mes cheveux retombant de chaque côté de mon visage.

Je suis vraiment désolée... Je ne voulais pas réagir de cette façon... J'ai essayé de résister mais je n'ai pas réussi...

J'en avais assez de toutes ces crises incontrôlables ! Mais je ne pouvais rien y faire...

Je patientais le temps qu'elle accepte de me répondre. J'étais loins d'être pressé alors autant qu'elle fasse à son rythme. Une fois que j'entendis sa réponse, soufflée d'une toute petite voix, je ne pu empêcher un léger sourire d'apparaître sur mes lèvres. C'était d'un certain soulagement de l'entendre et en plus que se soit pour me dire quelque chose de passablement positif.

Tant mieux...

Je pouvais aisément sentir la fatigue qui commençait à imprégner son corps. Le médicament jouait vraiment de ses effets désormais. Avec un peu de chance, cela suffirait pour la détendre et qu'elle passe une bonne fin de nuit de sommeil.

D'accord.

Néanmoins, je ne perçu aucun mouvement de sa part. Je ne la brusquais ne cherchant pas vraiment à comprendre ce qui lui prenait pour ne pas partir dans des élucubrations. Je n'aurais sûrement pas de réponse alors cela n'était pas utile. Mais contre toute attente, elle se manifesta à nouveau. S'excusant une nouvelle fois, j'avais l'impression de l'avoir toujours entendu s'excusée depuis le peu de temps que je la connaisais.

C'est pas comme si c'était vraiment de la faute... Mais je te propose de ne pas parler de ça maintenant, il ne faudrait pas que tu luttes contre les effets du médicament. Si tu le désires nous reprendrons ce genre de conversation demain ou bien plus tard, comme tu le sens.

Je hochai la tête alors qu'il me proposait de remettre cette discussion à un autre jour. Je détestais parler de cela... Je détestais parler de moi, j'avais l'impression de me morfondre et d'ennuyer les gens !

Plus tard, c'est bien...

J'étouffai un baillement de mes deux mains avant de me décider à me lever, complètement patraque. Cependant, je tenais déjà bien plus sur mes deux jambes que tout à l'heure. Je devrais pouvoir arriver jusqu'à ma chambre. C'était une aubaine d'être déjà en robe de nuit ! Je n'aurai pas à me tracasser à propos de ça.
Je rejoignis la porte et appuyai ma main sur le mur pour garder l'équilibre. J'aurai plus de chance en longeant les parois dans ces couloirs. Mais je l'attendis. Je lui avais offert ce spectacle désastreux, aussi je ne pouvais pas l'abandonner en plein milieu de la salle de musique. Enfin, c'était ce que j'aurais dû faire, mais je ne le voulais pas. Peut-être parce que je le considérais encore et déjà un peu comme un ami, le premier que j'aie jamais eu.

Je fermai un instant les yeux, mes paupières recouvrant seules mes pupilles bleutées. Il ne faudrait pas qu'il tarde trop, sinon je m'endormirai à coup sûr sur place !

Okay, va pour plus tard alors...

J'attendis qu'elle se réveille, et accesoirement qu'elle baille un coup, avant d'en faire de même. Je me tournais lentement et finis par la rejoindre là où elle avait décidée de m'attendre. Elle passa la porte en se tenant au mur et je me mis à marcher prudement à ses côtés. Comme ça, si elle devait trébucher j'aurais la possibilité de la rattraper. Il ne fallait pas qu'elle se fasse mal.

La distance n'était pas longues et il ne fallut que quelques minutes pour que la porte de la chambre apparaîsse sous nos yeux. Je comblais le premier la distance pour ouvrir la porte pour qu'elle n'ait pas à attendre pour rentrer.

Te voilà chez toi...